Un professeur de tennis qui n'y croyait plus

Monsieur Y.F.

Voici son histoire

Je suis né en mai 1967. J'habite dans une ville devenue célèbre aujourd'hui par son festival de musique au printemps mais aussi, on l'oublie peut-être, par celui du film écologique.

Mon histoire aurait pu se passer à l'ombre des violons où tranquillement à celle d'un écran. Ma passion en fait est le tennis et je l'enseigne. Je suis classé 15. Je mesure 1,80 mètre et je pèse 63 kg. Pourtant, ma carrière aurait pu se terminer alors que je venais tout juste d'avoir 33 ans.

J'ai été victime en effet d'un accident de moto en Juin 1999. Je me suis simplement cassé la clavicule droite. Tout ceci est banal. Ce qui l'est moins, c'est que cet os n'a pas consolidé.

J'ai été atteint d'un cancer de la langue alors que j'avais vingt quatre ans. On a retiré les ganglions des deux côtés au niveau de mon cou et enfin, j'ai eu une cure de radiothérapie au dessus des deux clavicules.

J'ai été examiné par un expert en janvier 2000, deux ans après mon accident car, n'ayant pas été opéré par les chirurgiens, je souffrais d'une gêne de plus en plus grande dans mon bras. J'avais des contractures musculaires cervicales. Je ne pouvais lever le bras droit ni me coucher sur ce côté. Je n'avais plus de force. J'avais du arrêter les compétitions de tennis.

Voici ses conclusions concernant mon épaule droite. On note la présence d'une saillie sous la peau (2 cm). La peau est douloureuse à la pression et d'aspect inflammatoire. Le foyer est mobile. Il y a deux cicatrices de 10 cm des deux côtés. Le patient ne peut porter sa main droite derrière le dos au-dessus de son bassin. Le bras droit a une circonférence de 2 cm de moins que le bras gauche (Je suis gaucher, ceci peut expliquer la différence de musculation entre les deux bras).

Je ne sais plus quoi faire. Je ne peux utiliser ce bras pour lancer la balle. J'ai 33 ans. Je ne veux pas changer de métier. Je ne me plains pas. La vie pourtant ne m'a pas jusqu'à présent fait beaucoup de cadeaux. Les chirurgiens ne peuvent ou ne souhaitent pas m'opérer.

J'ai lu qu'il y avait une technique qui permettait d'utiliser le corail en remplacement du tissu osseux. Je suis donc allé en consultation pour savoir s'il était possible de faire quelque chose. Je ne pars pourtant pas avec beaucoup d'illusions.

Après avoir exposé mon problème, examiné mon épaule et regardé les radiographies, le chirurgien m'a placé devant cinq choix :
- I ne rien faire
- II aplatir la saillie osseuse qui menaçait de transpercer la peau
- III retirer une partie de la clavicule
- IV fixer les deux fragments de l'os et injecter de la moelle osseuse
- V fixer les deux fragments et greffer du corail imprégné de moelle osseuse.

Il m'a expliqué les avantages et les inconvénients de chaque proposition. Il m'a expliqué que la greffe était nécessaire car il y avait un trou qu'il fallait combler entre les deux fragments. La majorité des chirurgiens prenait de l'os (une greffe) au niveau du bassin. Comme il s'agissait de mon propre os, il n'y avait aucun risque de rejet, c'est-à-dire que le greffon était bien accepté par mon organisme. L'inconvénient était que cela faisait mal et qu'il fallait faire une deuxième opération. L'avantage du corail, m'a t-il expliqué, est que le produit était comme un greffon osseux, à condition de lui apporter des cellules identiques à celles que l'on trouve dans la moelle des os. Il n'y avait aucun risque de rejet puisque le produit était purement minéral.

Il m'a parlé aussi des risques. Personne ne pouvait savoir comment réagirait la peau du fait de l'irradiation et de l'os qui pointait dessous. Enfin il ne savait pas quel était l'état de l'os cassé qui avait été irradié. Il m'a dit qu'il ne me garantissait pas la consolidation si l'os était détruit du fait des rayons, mais que, si l'os était vivant les chances de succès étaient très grandes.

Il a ajouté que dans la vie, il fallait savoir prendre des risques et que, dans cette affaire, il n'était pas le seul. Au pire, ajouta t-il, la situation ne sera pas fondamentalement aggravée. Il m'a dit de réfléchir et de le recontacter dès que ma décision serait prise.

L'opération eut lieu en juin 2006.J'ai accepté la cinquième solution à savoir la greffe de corail et la fixation des deux fragments cassés par une plaque en acier. Les morceaux d'os examinés au cours de l'opération étaient vivants. J'avais donc de grandes chances de guérir, a ajouté le chirurgien.

En sortant de la clinique mon bras était maintenu par une simple écharpe. Il m'a conseillé de ne pas m'appuyer dessus, d'utiliser ma main sans faire d'efforts physiques pendant les deux premiers mois. On a enlevé les points qui fermaient la peau au bout de quinze jours. Ma peau qui était très rouge a repris une couleur normale. Mon épaule qui était tombante a retrouvé son arrondi. Les crampes disparurent. Je constatais les progrès et reprenais peu à peu l'espoir que tout allait bien se passer.

On constate l'abaissement progressif du moignon de l'épaule ainsi que le raccourcissement de la distance entre l'épaule et l'axe du corps.


8 mois après l'accident, la fracture n'est pas consolidée.


Le fragment interne menace la peau. Il y a un risque que le petit spicule osseux traverse cette peau.

 

 

 

 

Dans le mille !

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