Une adolescente qui a retrouvé le sourire

OSTEONECROSE SEVERE de la Hanche Droite
Stade 3 - Classe C de Mitchell
Epanchement intra-articulaire stade 3

Résection de la nécrose intra-céphalique
Greffe de composite : biomatériau + corail naturel
Résultats à 22 mois

Histoire Clinique

Mlle M.N. est née le 23 juillet 1991. A l'âge de 14 ans, apparition d'une boiterie et de douleurs du genou gauche. Une Rx de la HG met en évidence une épiphysiolyse de grade 2. (45°). Un vissage bilatéral est pratiqué fin novembre 2004.

Au début de février 2006, la hanche droite devient douloureuse et se bloque. Il s' agit d'une ONA. Aucune étiologie d'ordre médical n'est retrouvée. Le matériel est retiré quelques jours plus tard. Deux thérapeutiques sont évoquées : soit une greffe de moelle osseuse, soit une ostéotomie inter-trochantérienne.

L'arthro-scanner de mars 2006 montre l'aplatissement de la tête fémorale, l'enfoncement de la partie portante nécrosée, la déformation en miroir du toit et un épanchement intra-articulaire de stade 3. L'IRM confirme la nécrose de grade III.

Après entretiens avec les parents, il est décidé de pratiquer un nettoyage de la zone nécrotique suivi d'un comblement-greffe à l'aide d'un composite formé d'un biomatériau et de moelle osseuse.

L'intervention a lieu en mai 2006.

La hanche est mise en décharge avec deux CB. La reprise de l'appui est progressive en fonction de la tolérance clinique en respectant la règle de la non-douleur. La marche sans canne est autorisée en mars 2008.

Nous verrons les résultats 22 mois après l'intervention.

Epiphysiolyse de la hanche gauche Grade 2

 

Vissage à titre préventif de la hanche droite

 

Ostéonécrose de la tête fémorale droite

14 mois après un vissage préventif (novembre 2004)
Les remaniements Rx sont visibles sur toute la zone portante

 

Imagerie préopératoire

I.R.M.N.
Avril 2006

IRMN

ONANT de stade III
ONANT de classe C
Epanchement de grade 3

L' IRM confirme la nécrose aseptique. Œdème, fibrose et modification de signal des adipocytes.

Sur cette coupe frontale en T 1, la zone de nécrose est bien visible après injection de gadolinium.

Elle est de 72°.

IRMN

Sur cette coupe sagittale

En T1 après injection, la nécrose est de 95°

 

Justification de la méthode

Le traitement de l'ostéonécrose aseptique par autogreffe de moelle osseuse repose sur l'hypothèse que les cellules de la lignée ostéogénique dérivent d'une cellule souche initiatrice du stroma médullaire appelée CFU-F ou « Colony Forming Unit Fibroblastic ». On sait qu'il y a un appauvrissement cellulaire de la moelle osseuse dans l' ONANT.

Deux techniques chirurgicales ont été proposées. La greffe de moelle osseuse pour augmenter le nombre de progéniteurs osseux situés dans la tête fémorale et dans la région trochantérienne. L'apport d'os spongieux que Steinberg a proposé de prélever au niveau de l'extrémité supérieure de la métaphyse fémorale. La question est : y a t-il à ce niveau un stock de cellules-souches suffisant ?

Bien que la technique de greffe de moelle osseuse soit réservée aux stades I et II de la nécrose, nous avons proposé une intervention associant une résection de la nécrose et un comblement-greffe de la zone nécrotique à l'aide d'un composite : mélange de substitut osseux imprégné de moelle osseuse. Pourquoi ?

Au stade III, contrairement au stade I et II, il n' y a pas de réversibilité spontanée possible, il ne paraît donc pas suffisant de se limiter à l'injection de la moelle osseuse sans nettoyer cette cavité en excisant la zone de nécrose.

Dans le but de limiter l'écrasement responsable de la perte de la sphéricité de la tête fémorale, il est logique d'apporter « in situ » un matériau biologique mécaniquement résistant qui comble l'espace vide conjointement à l'adjonction du facteur biologique.

La justification de cette proposition tient enfin au fait que l'étendue de la nécrose (95°) rend l'ostéotomie inter-trochantérienne très problématique sur le plan technique. En cas d'échec du comblement-greffe, il n'y aura aucune difficulté supplémentaire pour réaliser cette ostéotomie.

 

Technique opératoire

Le trocart est introduit par voie pertrochantérienne et suit le trajet de la vis. Sa position dans la tête fémorale et dans la nécrose est repérée sous amplificateur de brillance de face et de profil. Une petite pince à séquestre retire les tissus fibreux et nécrosés circonférenciellement après repérage. Un lavage au sérum bétadiné complète le curetage.

La moelle osseuse est prélevée (à l'aide du trocart de Mallarmé) sur la crète iliaque selon la technique classique. La moelle recueillie est d'autant plus riche en cellules souches qu'elle a été aspirée par petites fractions (2 ml). Ceci permet de réduire le degré de dilution par le sang périphérique. Elle est ensuite mélangée extemporanément avec le biomatériau. En général : 5 ml pour 5 cc de corail naturel.

Sous contrôle Rx., le greffon est introduit à l'aide d'un trocart jusque dans la tête au niveau de la zone curetée :
– sous forme de granules pour la tête (Porites).
– sous forme de sphères de 3 à 4 mm de diamètre pour le trajet métaphysaire (Porites).

L'appui-contact avec 2 C.B est immédiat. Faut-il mettre en décharge avec traction et combien de temps ? Il ne sera possible de répondre à cette question que lorsque l'on saura avec précision la durée des phases de déminéralisation-reminéralisation du composite biomatériau-moelle osseuse aboutissant à de l'os néo- formé mécaniquement solide. C'est aux fondamentalistes de nous apporter la réponse.

Guidé par la broche, le foret arrive au centre de la zone pathologique. Le contrôle se fait de face et de profil. Le foret est remplacé par un tube creux de 8 mm de diamètre.

 

Une pince à séquestre excise circonférentiellement les tissus nécrosés qui viennent spontanément, sans traction. L'outil ne doit en aucun cas franchir l'os sous-chondral. En retirant le tube, on excise en partie le liseré de Mitchell.

 

Après lavage sans pression, le biomatériau est poussé doucement à l'aide d'un poussoir mousse.
Le corail naturel est purement minéral à base de carbonate de Ca.

Il comble la tête. Il est sous forme de granules de Porites de 650 à 1000 µ dont la porosité ouverte est de 150 à 300 µ.
Le but est de combler le vide et de remonter l'os sous-chondral pour se rapprocher le plus de la sphéricité perdue.

Toute la difficulté est de ne pas dépasser la zone de résistance mécanique de l'os sous-chondral afin de ne pas ouvrir une brèche dans le cartilage.
Il faut éviter toute effraction. Le corail ne doit en aucun cas pénétrer dans l'articulation.
Il est mélangé extemporanément avec de la moelle osseuse autologue.

 

Le biomatériau comble au fur et à mesure le trajet du forage dans le col et la métaphyse. Il s'agit d'un mélange de Porites et de moelle osseuse autologue.

 

OSTEONECROSE ASEPTIQUE de la H.D.
Stade III - Classe III
Epanchement intra-articulaire de stade 3

Intervention en mai 2006

 

Greffe de corail naturel
+
moelle osseuse autologue
dans le trajet du forage dans la tête fémorale

Rupture du cartilage ? (flèche jaune)
Zone a : 95° (lésion sous-chondrale)
Zone b : 20° (œdème - fibrose)

 

EVOLUTION de l'IMAGERIE
Radios standard
Arthro-scanner
Imagerie par Résonance Magnétique Nucléaire

Recul de 10 mois

10 mois de recul

 

L'aplatissement de la tête fémorale ne s'est pas aggravé.

 

Enfoncement inchangé de 5 mm au niveau de la zone portante.

 

Homogénéisation de la minéralisation.

 

10 mois de recul

 

L'homogénéisation de la zone greffée est bien avancée au niveau de la tête, mais elle est encore inhomogène avec une coexistence d'images claires et d'images denses (œdème fibrose).

 

Elle est terminée au niveau du col.

 

Diminution (?) de la surface de la zone nécrotique.

 

Que se passe t'il à l'intérieur de l'os ?

Clichés comparatifs intermédiaires

- A : L'IRMN avant la greffe de biomatériau montre l'étendue de la nécrose sur la hanche de face.

- B : L'IRMN postopératoire à 10 mois précise l'étendue de la nécrose dans la tête fémorale « in situ ».

- C : Les Rx standards pré et postopératoire à 16 mois précisent l'évolution de la nécrose.

- D : Les Rx standards post - opératoire à J + 1 et à 16 mois précisent l'évolution du biomatériau.

ETENDUE de la NÉCROSE

Préopératoire : avant la greffe
Y a t-il une brèche dans le cartilage du quadrant supéro -externe ? Il y a de l' œdème, de la nécrose et de la fibrose dans les deux quadrants supérieurs sur toute l'étendue de la zone portante de la tête fémorale. Epanchement intra-articulaire avec distension des récessus (stade 3).

EVOLUTION de la NÉCROSE

Préopératoire Recul 16 mois
Le fond de la cuvette intra-céphalique du quadrant supéro-externe est situé au-dessous du plan passant par le centre de la tête fémorale. En raison de la reconstruction-comblement osseuse, le fond de la dépression est situé dans un plan passant largement au-dessus du centre de la tête fémorale. Perte de la sphéricité de la tête.

 

Le biomatériau, sous forme de sphères, comble le trajet cervical de l' âme de la vis. Il est sous forme de granules dans la géode intra-céphalique ( a - b - c). La résorbabilité du biomatériau est complète au niveau du col fémoral. Elle est partielle au niveau de la tête. Il est difficile d'analyser la région sous-chondrale car elle est inhomogène (a - b - c). Le gain est de 30°.

 

MESURE DE LA SURFACE
DE LA
CALOTTE SPHERIQUE NECROSEE

 

 

RESULTAT CLINIQUE

RECUL : 22 MOIS

 

Accroupissement complet et symétrique

 

 

RESULTATS à 24 MOIS

Sur le plan clinique :

- La hanche est sensible en fin de journée. Elle est stable, la mobilité dépasse 90°, le périmètre de marche est illimité et se fait sans canne. La montée et la descente des escaliers est normale et se fait sans tenir la rampe.

 

Section video : voir la marche en mouvement
(fichier mov 4,9 Mo)

 

Classification de P.M.A :  
Score de PMA : 5 - 6 - 6 Total : 5 - 6 - 6 - = 17
Score de Harris :  
Douleur (max 44) : 40
Fonction (max 47) : 47
Déformation (max 4) : 4
Mobilité (max 5) : 3.1
Total : 94.1
Le résultat est qualifié d'excellent.

Sur le plan radiographique :

- La zone nécrotique est nettoyée. - L'aplatissement de la tête fémorale ne s'est pas aggravé depuis l'intervention. - le corail naturel est résorbé au niveau du col ; il est partiellement résorbé au niveau de la tête fémorale.

 

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