Le Traitement chirurgical préventif |
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Hanche gauche : coxarthrose très invalidante | Prothèse totale de Sir J.Charnley |
Cette
arthrose s'est aggravée au point qu'elle ne peut plus sortir de
chez elle en raison de la douleur. Or cette femme est très active
et l'esprit clair. Elle souffre beaucoup de cette situation. La solution
- pour la hanche gauche - est évidemment la prothèse totale.
En
regardant attentivement la radiographie de la hanche opposée, on
s'aperçoit qu'il y a un énorme trou dont le siège
et le volume atteint l'ensemble de la partie supérieure du fémur.
Non seulement les travées osseuses sont interrompues mais on voit
" par transparence" la portion de l'os situé tout à
fait en arrière. Cette partie est habituellement invisible du fait
de la densité de l'os normal.
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Hanche droite : ostéoporose majeure | Ostéoscopie de la hanche droite |
Une
densitométrie osseuse est demandée. Elle confirme la sévérité
de l'ostéoporose puisque la DMO dans la partie le plus atteinte
n'est plus que de quelques dizaines de mg/cm2 (normalement
plusieurs centaines).
Il
est clair qu'avec de telles conditions de fragilité osseuse, à
la moindre chute, la patiente est exposée à une fracture.
Rappelons que cette fracture risque d'être d'autant plus grave que
la perte densitométrique est sévère. Pire encore,
à supposer qu'elle ne tombe pas, il y a quand même un très
sérieux risque de ce que l'on appelle - une fracture de fatigue
- qui peut survenir simplement au cours d'une marche prolongée.
Prenons
un exemple. On peut casser une paroi mince en métal en la frappant
d'un coup sec contre une paroi plus dure. On peut également casser
cette même paroi en la pliant, exerçant sur elle des mouvements
en va et vient. Au bout de quelques efforts de flexion, la paroi va brusquement
casser. C'est une fracture de fatigue.
La
mise en place de la prothèse totale va inciter la patiente à
reprendre son activité normale puisqu'elle ne souffre plus. Elle
va vouloir refaire les courses, visiter des expositions, aller au cinéma,
prendre les transports en commun etc. Sachant qu'elle peut, à tout
instant, se fracturer la hanche opposée, a t-on le droit de ne
rien faire ? Attendre la fracture les bras croisés !
A
notre avis, nous n'avons pas le droit ni moralement ni scientifiquement
de laisser faire le hasard quand on sait que l'inévitable se produira
tôt ou tard. Lorsque l'on a 85 ans, on n'a plus beaucoup de temps
devant soi : le tard peut venir très tôt.
Au
cours d'une réunion avec la famille, les raisons d'un traitement
préventif furent exposées. La famille accepta les conclusions
et un comblement-greffe fut pratiqué. Des radiographies montrèrent
la disparition régulière du corail naturel. Deux densitométries
furent faites à 7 puis 20 mois d'intervalle.
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Elles
montrèrent une reconstruction très importante de la structure
osseuse avec une augmentation de 20% dans la zone à risque et un
comblement du manque osseux central avec une minéralisation de
près de 100%.
Sur
le plan clinique, cette patiente, deux ans et demi après la greffe,
sortait de nouveau de chez elle, faisait ses courses accompagnée
de sa fille pour aller dans les grandes surfaces. Elle a dansé
lors des fêtes de Noël. En consultation, elle avait repris
15 kilos et respirait la santé. Sur le plan moral, la vie de cette
grand-mère a été transformée.
La
greffe de biomatériau en reconstituant la solidité de ses
structures osseuses a permis à cette patiente de retrouver son
autonomie et de dépasser la peur de retomber éprouvée
par tous les patients qui se sont fracturés une hanche. Cette peur
les enferme encore plus dans un univers clos générateur
d'angoisse et d'isolement de plus en plus profond.
La
sensation de liberté que permet la station érigée
est un élément majeur pour le bien-être de tous et
plus particulièrement des personnes âgées à
condition que disparaisse leur crainte - légitime - de se fracturer
la hanche et, hélas, dans les conditions actuelles du traitement
classique, d'avoir des séquelles plus ou moins sévères
pour le peu de temps qu'il leur reste à vivre.
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