Une dame bien tranquille

Madame H.J. est née en avril 1928. Aujourd'hui, cette dynamique et sympathique presque octogénaire mène une vie de sportive digne d'athlètes dits de haut niveau. Non point qu'elle parcourt les stades ou la cendrée d'une foulée ravageuse mais parce qu'elle réalise tout simplement des performances que peu de personnes de son âge sont capables d'accomplir.
Elle vient de faire en septembre 2006 une randonnée de 8 jours en montagne - dans le massif du Grand Paradis en Italie - en marchant 6 heures par jour avec des dénivelés de 800 à 1000 mètres ! A vos crampons.

Pour ceux que cela n'étonne pas plus que le fait d'aller sur la lune, voici ce qui est peut être moins banal. Cette ancienne hôtesse de l'air, adepte des sports de glisse, dérape sur une plaque de glace en faisant du ski et se fracture le haut du fémur gauche (os de la cuisse) juste au-dessous de la hanche. Cela se passe en mars 1985. Mme H.J. a alors 57 ans. Un an plus tard, le 10 octobre 1986 le matériel est enlevé.

Pour certains qui ne s'étonneraient toujours pas que l'on puisse retourner sur la lune, en janvier 1993, elle se fracture à nouveau le même fémur au ski. Cette fois, c'est la partie basse du fémur qui se casse juste au dessus du genou. Elle est opérée sur place mais les choses ne vont pas bien. L'os ne consolide pas et le 20 octobre 1993, soit 9 mois plus tard, elle est opérée pour la seconde fois. Une greffe de corail est pratiquée en conservant le matériel en place. Dans les trois mois qui suivent, la plaque casse alors qu'elle marchait avec deux cannes et un appui simulé. La troisième intervention, le 25 janvier 1994, consiste à retirer l'ancien matériel et à le remplacer par un matériel plus solide, sans toucher à la greffe. Elle est autorisée à marcher avec appui simulé au bout de 6 semaines. Entrée le 14 février 1994, elle sort de la clinique de rééducation six semaines plus tard le 7 avril 1994. Mme H.J. demande à ce que l'on retire le matériel qui la gêne. Le matériel est donc retiré le 13 décembre 1999. Ainsi, ce fémur a été opéré 6 fois, deux fois près de la hanche, quatre fois près du genou. Elle s'est en plus cassée le poignet droit, puis la neuvième côte gauche en 1993.

On doit ajouter pour certains qui s'étonneraient d'une telle avalanche de fractures qu'après le décès de son mari en 1982, Mme H.J. a eu de gros problèmes de santé. Elle subit l'ablation de l'utérus et des deux ovaires en janvier 1983 à l'âge de 55 ans. Cette femme mesure 1,60 m et pèse aujourd'hui 53,3 kg.


HISTORIQUE
Mme H.J. née le 15-04-1928
HYSTÉRECTOMIE + OVARIECTOMIE en Janvier 1983 à l'âge de 55 ans
   
Mars 1985 Fracture sous-trochantérienne du fémur Gauche
Mars 1985 Ostéosynthèse par vis-plaque (Pitié Salpétrière)
Avril 1986 Ablation de matériel (Neuilly)
   
Janvier 1992 T.S.H. : OESTROGÉNE + PROGESTERONE
   
Janvier 1993 Fracture sus-condylienne du fémur Gauche
Janvier 1993 Ostéosynthèse par vis-plaque (Gap)
Août 1993 Fracture de la 9ème cote gauche
Août 1993 Fracture du poignet G (Pouteau Colles)
   
Octobre 1993 Décortication + greffe de corail naturel + moelle osseuse (Courbevoie)
Janvier 1994 Fracture de plaque. Changement par lame-plaque (Courbevoie)
Novembre 1999 Ablation de matériel + greffe de corail + moelle osseuse (Paris)
 
Madame H.J. âgée aujourd'hui de 78 ans.
FRACTURE DU 1/3 INFERIEUR DU FEMUR GAUCHE
Fracture du fémur en janvier 1993
Ostéosynthèse par vis-plaque (Gap)
Pseud'arthrose en octobre 1993
Reprise : décortication + greffe de corail (Paris)
Fracture de l'implant sans chute en Janvier 1994
Reprise par une lame-plaque en Janvier 1994 (Paris)
Ablation du matériel en 2000

CLINIQUE :
Consultation de Juillet 2006


• Aucune douleur
• Marche sans canne
• Pas de boiterie
• Périmètre de Marche illimité
• Cicatrice non adhérente
• Mobilité du genou : 0 - 130°
• Circonférence de la cuisse
(à 10 cm de la pointe de la rotule)
D : 42 cm > G : 41,5 cm

CONCLUSION

Au plan clinique :

Les ennuis de santé de Mme H.J. ont commencé en 1982, à la suite du décès de son mari. Nul ne peut nier la relation étroite unissant le mental et le soma. Elle vivait une vraie relation amoureuse avec son mari et cela n'étonnera personne si ses ennuis ont commencé au niveau de la sphère génitale.

Elle subit une castration chirurgicale un an plus tard en 1983. La suppression des ovaires a entraîné la disparition de la sécrétion hormonale. Cette chute a, nous le savons, des répercussions sur le métabolisme osseux. Elle se fracture le fémur pour la première fois en 1985 soit trois ans après le décès de son mari.

Mme H.J. est mis sous Traitement Hormonal Substitutif en 1992.

L'année suivante, elle se fracture le poignet, une côte et le fémur gauche (pour la deuxième fois).

En 1993, la reconstruction de son fémur s'accompagne d'une greffe de corail naturel.

 

Depuis 1994 et jusqu'à ce jour, Mme H.J. mène une vie normale, et pour une personne de son âge, une vie d'une rare activité. Elle voyage beaucoup et doit prochainement faire un petit tour en Europe centrale.

Au plan biologique en 2006 :

- Le métabolisme phosphocalcique est normal.
- La sécrétion de Parathormone intacte est normale.
- Le taux de Vit D3 est normal.
- Le bilan des marqueurs biologiques osseux montre que Mme H.J. a une résorption osseuse physiologique et une formation osseuse au dessus de la limite supérieure de la normale.


HYPOTHESES

Les recherches fondamentales auxquelles nous faisons référence ont été effectuées sur des fémurs sains, non fracturés, d'animaux; les mesures densitométriques ainsi que les dosages biologiques ont été effectués sur des hommes adultes jeunes après un séjour dans MIR.

Notre rôle consiste à traiter et réparer le mieux possible des os fracturés ayant déjà perdu une quantité plus ou moins importante de leur capital osseux du fait de l'âge et/ou de l'ostéoporose. A cela, il faut ajouter la nécessité pour l'os de prélever sur place - au niveau du site fracturaire (ou dans d'autres sites osseux) - le calcium nécessaire à l'élaboration du cal et à la minéralisation du cristal osseux. A cela, il faut ajouter la nécessaire et nouvelle perte osseuse liée à l'alitement puis à la non mise en charge de l'os le temps nécessaire au rétablissement d'une résistance mécanique "suffisante pour".

S'il faut au moins cinq ans parfois pour qu'un os sain d'un adulte jeune physiquement entraîné soumis à une microgravité retrouve une structure identique à celle d'avant le vol spatial, combien faudra t-il à un os déjà déminéralisé, fracturé et survenant de surcroît chez une personne âgée pour retrouver son état pré fracturaire ?

Au cours de l'étude prospective randomisée multicentrique, il est apparu que plusieurs fractures non traitées avec le corail naturel n'étaient pas consolidées au bout d'un an.

Nous devons donc déjà distinguer deux étapes dans notre analyse : la fracture de l'os déminéralisé d'une part et le non appui d'autre part.

   1° - Combien de temps faut-il pour qu'une fracture ostéoporotique située au niveau de la hanche consolide ?
• Nous savons qu'avec le corail naturel, 80% des fractures sont consolidées à 3 mois versus 50% sans corail. Le corail naturel raccourcit le temps de consolidation de façon statistiquement significative lorsqu'il y a une perte de la masse osseuse.

   2°- Nous ne savons pas - par contre - en combien de temps un os fracturé retrouve sa structure interne ?
• On peut prédire, sans crainte de faire d'erreurs que ce temps ne doit pas être inférieur à celui d'un adulte jeune. On peut prédire, sans faire de grossières erreurs que ce temps ne peut être que prolongé par rapport à celui d'un fémur sain (3). S'il n'est pas pénalisant pour un sujet jeune de ne pas retrouver toutes ses capacités squelettiques pendant une longue période (5 ans parfois), il n'en est pas de même pour une personne âgée. La crainte de se recasser, l'angoisse de ne plus pouvoir sortir par crainte de tomber ne sont-ils pas les « avertissements » inconscients de cette longue fragilité osseuse ?

Etude approfondie : Le point de vue médical

 

Bon Voyage !

 

 

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Crédits photos © Carole b.