Fracture de la cheville


C’est rouge de sang, c'est incrusté de goudron mais sur un côté, la peau est comme par miracle, presque indemne !

D’abord, il faut nettoyer.

C’est sous anesthésie générale que patiemment, très minutieusement, le chirurgien nettoie la peau avec de l’eau additionnée d’iode. Il retire les pierres incrustées, l’herbe, les parcelles de terre.

Puis, il enveloppe cette jambe blessée dans un linge stérile avant de commencer l’intervention.

Il a ainsi tout le temps de préparer le plan de l’intervention.

Il faut redonner la longueur à cette jambe. Il a la chance que sur le côté externe de la cheville la peau soit suffisament « propre » pour permettre de reconstruire le plus petit des deux os.

Quant au plus gros, c’est par l’intérieur qu’il alignera "au mieux" le puzzle fragmentaire, à l’aide d’un gros clou passé par en haut au niveau du genou.

A quelques temps de là

Les côtés positifs

Le pied a été conservé, sensible, vascularisé
La peau a cicatrisé sans faire de brides
La fracture a consolidé
Il n’y a pas eu d’infection osseuse
La marche a été reprise au bout de 4 mois

Les côtés négatifs

On nota une extrème déminéralisation
- au niveau des deux os de la jambe
- au niveau de l’ensemble du pied

De profil, une rétro-position de la partie basse du tibia sur l’astragale.


Cinq ans plus tard

Des douleurs surviennent à la marche, de plus en plus fréquentes. C’est d’abord dans la journée puis cela se produit même au repos. Elles réveillent la nuit.

Elles surviennent de plus en plus fréquemment et deviennent de moins en moins sensible aux médicaments contre la douleur.

La peau est belle. La cheville est raide lors de l’examen. Le pied est chaud et de très bonne mobilité.

Le scanner confirme la gravité de la perte osseuse (flêches) au niveau de l’extrémité inférieure du tibia et du péroné.

Si l’on doit bloquer cette articulation, il faudra apporter de l’os pour combler ces « trous ».

Un autre plan de coupe du tibia situé plus haut

Pourquoi attendre ?

Il y a deux raisons pour ne pas temporiser

I° - L’impotence fonctionnelle chez une femme active
II° - La qualité de l’articulation de la cheville

Bien que la cheville soit raide, l’espace entre les os de la cheville est de belle épaisseur. Le cartilage est donc encore suffisamment épais pour « durer ».

Quelle est la raison de la douleur ?

La fracture est consolidée.
Le matériel d’ostéosynthèse a été retiré

Il ne reste donc plus que la perte de l’os qui remplit normalement les deux os (comparer avec le côté droit R).

Dans tous les cas, le geste de comblement servira toujours en cas de blocage ultérieur de l’articulation.

La greffe après quelques semaines

Le corail - avez vous dit - mais pourquoi ?

Le corail naturel est un matériau qui se substitue à l’os. Il se transforme en os. Il prend la forme de l’os.
Ici il devient un os dur pour reconstruire les parois de l’os, là il devient alvéolaire - comme le gateau de cire des abeilles pour en reconstrure l’intérieur.
Il subit, de ce fait, les mêmes transformations mécaniques (mécanomorphose) qu’un os soumis aux contraintes mécaniques - qu’elles soient en compression ou en tension.
Placé au niveau de la paroi, il reconstitue un os rigide (de type Haversien).
Placé à l’intérieur d’un os de forme alvéolaire (spongieux disons-nous) il devient un os de structure alvéolaire.

Le corail - avez vous dit - mais comment ?

Le corail est mis en place après avoir repéré la cavité qu’il faut combler (flêches noires). Il est très dense à la radiographie.


Et le profil ?

Ce n'est pas si mal

N’est-il pas ?


Et la suite ? Cinq après

Le corail disparaît.

Il est devenu de l'os

Pari tenu, pari gagné

Vous avez dit magique ?


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Pathologie du membre inférieur : Calcaneeum