Le Corail


Qu'appelle t'on matériau biologique? Le corail naturel est-il un biomatériau ?

Très schématiquement et pour faire court, un matériau biologique est un produit qui, introduit dans l'organisme n'est pas rejeté par cet organisme. Il n'entraîne pas de réactions immunologiques. Il est "accepté" par le corps.


Quelles sont les caractéristiques du corail naturel ?

Généralités :
Jean André PEYSONNEL, chirurgien Français du XVIIIe siècle, a établi que les coraux étaient des animaux : les polypes coralliens. Ils entretiennent dans leur tissu des algues unicellulaires, les zooxantelles qui élaborent, par le biais de la photosynthèse, des éléments indispensables au polype. Elles le débarrassent de ses résidus toxiques. La chlorophylle, associée à divers pigments, contribue à donner aux coraux leurs couleurs variées.


En savoir plus : Unité de production du corail naturel

Caractéristiques physiques du corail :
Ce matériau, d'origine naturelle, est un composé de carbonate de Calcium en phase cristalline : l'aragonite. Il possède une grande régularité architecturale avec une porosité ouverte permettant aux fluides de circuler librement à l'intérieur du squelette


Coupe d'un os spongieux humain

Coupe d'un corail - porites - présentant
une porosité à 50%
On notera ici la similarité des deux structures

Cette porosité varie selon les espèces de coraux considérés. Le volume de porosité, l'interconnexion des pores, la régularité de ceux-ci, leur diamètre (en moyenne 150 µm) permettent, dès sa mise en place dans le tissu osseux, un envahissement total et rapide de l'implant par les éléments cellulaires sanguins ou extravasés de la moelle osseuse, puis l'établissement d'une vascularisation (mettre ici les calculs des surfaces et volumes des pores). L'architecture corallienne offre une surface d'échanges exceptionnelle entre le biomatériau et l'os.

Caractéristiques biomécaniques du corail :
Les caractéristiques mécaniques des coraux dépendent des contraintes hamodynamiques qu'ils subissent, de l'organisation et du volume de leur porosité. Elles diffèrent donc selon le genre et l'espèce considérés.

En savoir plus sur les caractéristiques mécaniques du corail

Caractéristiques chimiques du corail :
Dans le livre : Les coraux, B. Robin, C. Petron et C. Rives et coll. ont montré que la phase primaire d'élaboration du squelette corallien ressemblait par ses mécanismes fondamentaux à l'ostéogenèse des mammifères. Les coraux sont composés essentiellement d'éléments minéraux mais aussi de quelques acides aminés qu'il convient - à l'aide de procédés spécifiques de purification tels les fluides supercritiques - d'éliminer ou du moins de réduire le mieux possible afin d'éviter, de minimiser et/ou de faire disparaître tout phénomène immunologique nocif.

Il y a des différences entre le corail et l'os frais. Notamment la phase minérale - 2/3 de la composition de l'os - et qui est représenté essentiellement sous forme de phosphate de calcium. Alors que la phase organique est importante chez l'os - 1/3 de la composition - elle est réduite à une très faible proportion d'acides aminés dans le corail. Il convient toutefois de les éliminer afin de supprimer tout risque de réaction immunologique.

Il y a des analogies : Deux ont une action spécifique. Le strontium intervient dans la croissance du cristal osseux. Le fluor augmente la formation osseuse sur l'os spongieux à petites doses, il a une action inverse sur les parois de l'os à forte concentration. Il agit par stimulation sur les cellules précurseurs des ostéoblastes

En savoir plus sur les caractéristiques chimiques du corail

Biocompatibilité :

Les tests ont été effectués sur le rat, le lapin, le mouton, le porc et le chien. Ils ont porté sur le comportement des tissus au contact du matériau dans des sites d'implantation variés : sous-cutanés, intramusculaires, intra-osseux, sous-péroisté, alvéolo-dentaires.

Il n'a pas été observé de réaction inflammatoire aiguë ou chronique, de réaction infectieuse à polynucléaires, de réaction de rejet avec prolifération de cellules rondes, d'encapsulation fibreuse. Aucun tissu concerné n'a présenté de réaction immunologique contre le biomatériau. Une très bonne tolérance a toujours été rencontrée.


Corail dans la peau

Corail dans le muscle

Corail dans l'os

Corail dans l'os

Corail dans l'os néoformé

Corail dans l'os néoformé

Biorésorbabilité et corail chez l'animal :

Le comblement d'une effraction d'os spongieux chez le chien - par un fragment de corail implanté dans une extrémité osseuse - montre la résorption quasi complète du biomatériau à six semaines et son remplacement par du tissus osseux.

Les études histologiques ont montré, notamment chez le chien et chez le porc, la présence de nombreux ostéoclastes au contact du corail en cours de résorption. De l'anhydrase carbonique a été mise en évidence dans les ostéoclastes. L'intervention de l'anhydrase carbonique dans la destruction des substrats carbonatés a été étudiée dès 1969 et la démonstration de ce rôle a été prouvée par le ralentissement de cette destruction après administration d'acétazolamide, inhibiteur spécifique de l'anhydrase carbonique.

Pour vérifier l'hypothèse de l'intervention de cette enzyme dans la destruction du squelette carbonaté du corail, 10 résections transcorticales fémorales remplacées par ce biomatériau ont été réalisées sur des animaux traités par l'acétazolamide.
Il a été constaté, par rapport aux sujets non traités, un net ralentissement de la résorption du corail implanté. Ce phénomène s'accompagne, en bordure de l'implant, d'une nécrose osseuse qui tend à se généraliser à l'ensemble de l'os. Ces résections n'ont pas consolidé, même après un recul de un an, et ont toutes abouti à une pseudarthrose. La résorption du squelette carbonaté du corail est, au moins en partie, l'oeuvre de l'anhydrase carbonique contenue dans les ostéoclastes.

Histologie :
La transformation du corail en os se fait de plusieurs phases successives. Elles s'imbriquent, au fur et à mesure que progresse le front de calcification.

Les expérimentations ont permis histologiquement de mettre en évidence, et de manière constante, cinq phases qui se succèdent et s'imbriquent au fur et à mesure que progresse le front de résorption et qu'avance le front de calcification.

Iconographie
Groupe "Formation et Destruction des Tissus calcifiés"
Université Paris VII UFR de Biologie et Génétique
Paris FRANCE

Première phase (Image 1) :
Invasion du corail par les éléments cellulaires sanguins et extravasés de la moelle osseuse :

x 200 Coloration au PAS. Préparation en tissu déminéralisé. Le corail est partiellement déminéralisé et apparaît translucide. Colonisation de la totalité de la porosité du corail implanté dans la diaphyse fémorale chez le chien.

Deuxième phase (Image 2) :
Etablissement d'une vascularisation

x 160 Coloration trichrome de Masson. Préparation en tissu déminéralisé, mais le corail n'est que partiellement déminéralisé. Sur cette plage, deux artérioles sont nettements visualisées (flèches) et les tuniques de leur paroi parfaitement différenciables.

Troisième phase (Image 3) :
Résorption du corail par les ostéoclastes.

x 1200 Coloration hématoxyline-éosine. Préparation en tissu déminéralisé. Le corail n'est que partiellement décalcifié et apparaît en plage blanchâtre. Deux ostéoclastes sont instalées sur la berge corallienne, leur bordure en brosse bien dirigée vers le matériau à résorber (flèches).

Quatrième phase (Image 4) :
Apposition ostéoblastique responsable de la néoformation osseuse. Elle est concomittante de la phase de résorption.

x 180 Coloration hématoxyline-éosine. Préparation en tissu décalcifié, le corail ne l'étant que partiellement. L'os néoformé apparaît en rose soutenu, la première couche ostéoblastique s'appose directement sur le corail ; les appositions successives viennent progressivement épaissir les travées nouvellement formées (flèches).


Cinquième phase (Image 5) :
Remodelage du tissu néoformé en fonction de l'architecture du site implanté.

x 200 Coloration trichrome de Masson. Préparation en tissu déminéralisé. Site osseux cortical d'implantation d'un fragment de CORAIL au niveau du fémur chez le chien après 18 mois.

Au terme du processus, BIOCORAL© a été complétement résorbé, le tissu osseux de néoformation qui avait initialement l'architecture du corail a été remodelé en tissu haversien.

Iconographie :
Groupe "Formation et Destruction des tissus calcifiés"
Université Paris VII U.F.R. de Biologie et Génétique - Paris FRANCE

Le processus de résorption a été étudié chez le chien et le porc.

Image 1 x 1000 - Coloration au Paragon
Préparation en tissu non déminéralisé.

Implantation au niveau de la métaphyse chez le porc à 4 semaines post-opératoires. Le corail est en brun foncé, les berges sont effrangées par l'action ostéoclastique (flèches). La technique de préparation non déminéralisée ne permet pas une identification précise des cellules. Celle-ci se fait sur préparation décalcifiée.

Iconographie : L.R.O. U.A. CNRS 1161 Paris FRANCE

Image 2 x 1000 - Coloration hématoxyline-éosine
Préparation en tissu déminéralisé Le corail n'est que partiellement décalcifié et apparaît en plage translucide.

L'ostéoclaste, avec sa bordure en brosse, est bien visible, apposé directement sur le corail et creusant une lacune de résorption (flèche).

Iconographie :
Groupe "Formation et Destruction des tissus calcifiés"
Université Paris VII U.F.R. de Biologie et Génétique - Paris FRANCE

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