Le Traitement chirurgical préventif


4 - Madame L.M.G.

Il s'agit d'une adorable petite grand-mère (1,48 m) de 85 printemps. Elle s'est fracturée le col du fémur gauche. Une arthrose secondaire a nécessité l'ablation du matériel.

Hanche gauche : coxarthrose très invalidante

Prothèse totale de Sir J.Charnley


Cette arthrose s'est aggravée au point qu'elle ne peut plus sortir de chez elle en raison de la douleur. Or cette femme est très active et l'esprit clair. Elle souffre beaucoup de cette situation. La solution - pour la hanche gauche - est évidemment la prothèse totale.

En regardant attentivement la radiographie de la hanche opposée, on s'aperçoit qu'il y a un énorme trou dont le siège et le volume atteint l'ensemble de la partie supérieure du fémur. Non seulement les travées osseuses sont interrompues mais on voit " par transparence" la portion de l'os situé tout à fait en arrière. Cette partie est habituellement invisible du fait de la densité de l'os normal.

Hanche droite : ostéoporose majeure Ostéoscopie de la hanche droite

Une densitométrie osseuse est demandée. Elle confirme la sévérité de l'ostéoporose puisque la DMO dans la partie le plus atteinte n'est plus que de quelques dizaines de mg/cm2 (normalement plusieurs centaines).

Il est clair qu'avec de telles conditions de fragilité osseuse, à la moindre chute, la patiente est exposée à une fracture. Rappelons que cette fracture risque d'être d'autant plus grave que la perte densitométrique est sévère. Pire encore, à supposer qu'elle ne tombe pas, il y a quand même un très sérieux risque de ce que l'on appelle - une fracture de fatigue - qui peut survenir simplement au cours d'une marche prolongée.

Prenons un exemple. On peut casser une paroi mince en métal en la frappant d'un coup sec contre une paroi plus dure. On peut également casser cette même paroi en la pliant, exerçant sur elle des mouvements en va et vient. Au bout de quelques efforts de flexion, la paroi va brusquement casser. C'est une fracture de fatigue.

La mise en place de la prothèse totale va inciter la patiente à reprendre son activité normale puisqu'elle ne souffre plus. Elle va vouloir refaire les courses, visiter des expositions, aller au cinéma, prendre les transports en commun etc. Sachant qu'elle peut, à tout instant, se fracturer la hanche opposée, a t-on le droit de ne rien faire ? Attendre la fracture les bras croisés !

A notre avis, nous n'avons pas le droit ni moralement ni scientifiquement de laisser faire le hasard quand on sait que l'inévitable se produira tôt ou tard. Lorsque l'on a 85 ans, on n'a plus beaucoup de temps devant soi : le tard peut venir très tôt.

Au cours d'une réunion avec la famille, les raisons d'un traitement préventif furent exposées. La famille accepta les conclusions et un comblement-greffe fut pratiqué. Des radiographies montrèrent la disparition régulière du corail naturel. Deux densitométries furent faites à 7 puis 20 mois d'intervalle.


Comblement-greffe : post-opératoire immédiat


Comblement-greffe : résorption du corail en cours

Elles montrèrent une reconstruction très importante de la structure osseuse avec une augmentation de 20% dans la zone à risque et un comblement du manque osseux central avec une minéralisation de près de 100%.

Sur le plan clinique, cette patiente, deux ans et demi après la greffe, sortait de nouveau de chez elle, faisait ses courses accompagnée de sa fille pour aller dans les grandes surfaces. Elle a dansé lors des fêtes de Noël. En consultation, elle avait repris 15 kilos et respirait la santé. Sur le plan moral, la vie de cette grand-mère a été transformée.

La greffe de biomatériau en reconstituant la solidité de ses structures osseuses a permis à cette patiente de retrouver son autonomie et de dépasser la peur de retomber éprouvée par tous les patients qui se sont fracturés une hanche. Cette peur les enferme encore plus dans un univers clos générateur d'angoisse et d'isolement de plus en plus profond.

La sensation de liberté que permet la station érigée est un élément majeur pour le bien-être de tous et plus particulièrement des personnes âgées à condition que disparaisse leur crainte - légitime - de se fracturer la hanche et, hélas, dans les conditions actuelles du traitement classique, d'avoir des séquelles plus ou moins sévères pour le peu de temps qu'il leur reste à vivre.

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